Les métiers en tension dans l’hôtellerie-restauration en 2025

Le silence du petit-déjeuner, ce matin-là, a quelque chose de dérangeant : deux serveurs manquent à l’appel, le commis s’est volatilisé, et la cheffe pâtissière a quitté la partie la veille, lessivée. Sur LinkedIn, les directeurs d’hôtel rivalisent de primes mirobolantes, mais les candidatures s’évaporent aussi vite qu’elles apparaissent.
Entre la chaleur des fourneaux et l’illusion d’une flexibilité de façade, la réalité s’impose : surcharge, pénurie, et lassitude généralisée. Qui voudra encore, en 2025, user ses semelles douze heures d’affilée pour un SMIC et un sourire en guise de récompense ? L’hôtellerie-restauration cherche désespérément ses nouveaux visages, mais la relève se fait attendre, presque mutique.
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Plan de l'article
Pourquoi certains métiers de l’hôtellerie-restauration deviennent-ils si difficiles à pourvoir ?
Dans l’hôtellerie-restauration, le recrutement ressemble désormais à une course semée d’embûches. Les offres pullulent, mais les candidats se font désirer, que l’on soit à Paris, en Île-de-France, en Provence ou en Auvergne. L’Umih place plusieurs métiers hôtellerie restauration tout en haut du palmarès national des métiers en tension.
Face à cette réalité, certaines initiatives comme l’Académie du tourisme s’efforcent de redonner de l’attractivité au secteur en valorisant les parcours, les formations et les débouchés.
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Comment expliquer ce désamour croissant ?
- Conditions de travail éprouvantes : horaires à rallonge, coupures à répétition, cadence infernale, la recette fatigue même les plus passionnés.
- Rémunération qui peine à suivre : malgré quelques hausses, le secteur ne parvient pas à rivaliser avec d’autres domaines, plus confortables et souvent mieux payés.
- Image dévalorisée : la précarité colle à la peau de ces métiers, freinant les élans des jeunes générations.
Pour tenter de combler le vide, le secteur mise de plus en plus sur les travailleurs étrangers, encouragé par l’évolution récente de la loi immigration et le fameux titre de séjour « métiers en tension ». Pourtant, la paperasserie et l’intégration varient d’un coin à l’autre. Les syndicats et le gouvernement cherchent des solutions profondes pour stopper l’hémorragie d’emplois. Thierry Marx, figure incontournable, tire la sonnette d’alarme : si rien ne bouge, la désaffection va s’installer, durablement.
Panorama des postes les plus recherchés en 2025 : évolutions et pénuries à anticiper
L’hôtellerie-restauration s’approche d’un nouveau pic de tension en 2025. D’après la liste actualisée des métiers en tension, la pénurie s’étend : la salle, la cuisine, mais aussi la gestion et les fonctions support sont touchées de plein fouet.
Métier | Région la plus concernée | Évolution prévue |
---|---|---|
Serveur(se) | Île-de-France | Recrutements doublés, turn-over élevé |
Cuisinier(ère) | Provence-Alpes-Côte d’Azur | Pénurie accentuée, expertise recherchée |
Réceptionniste | Auvergne-Rhône-Alpes | Demande croissante dans l’hôtellerie indépendante |
Gouvernant(e) | Yvelines, Cherbourg | Manque de candidats qualifiés |
Dans la nouvelle liste des métiers en tension, les postes de commis, chef(fe) de partie et responsable d’hébergement deviennent des maillons clés, surtout dans les zones touristiques. Clermont, Cherbourg, la Provence-Alpes-Côte d’Azur : tous voient leur attractivité entamée par la pénurie de professionnels expérimentés.
- La mobilité géographique reste timide, ajoutant une difficulté supplémentaire pour couvrir les besoins.
- Des établissements tentent de séduire avec des CDI et des parcours de formation intégrée, histoire de fidéliser les nouveaux venus.
Thierry Marx, à la tête de l’Umih, multiplie les alertes : sans anticipation, la pénurie menace de s’aggraver, mettant en péril certains pans de l’hôtellerie-restauration.
Des pistes concrètes pour attirer et fidéliser les talents dans un secteur en mutation
Face à la disette de candidatures, le secteur tente de se réinventer. Les employeurs cherchent à muscler leur marque employeur et à bâtir des trajectoires professionnelles plus séduisantes.
Repenser l’expérience collaborateur
La fidélité des équipes s’impose comme un défi central. Plusieurs solutions émergent :
- Réorganisation des plannings et réduction des coupures pour alléger le quotidien.
- Mise en place de formations continues : accompagner la montée en compétences devient une priorité.
- Faciliter l’accès à l’hébergement, surtout pour les saisonniers ou les jeunes embauchés, change la donne.
La formation s’affirme comme un levier majeur. De plus en plus d’établissements s’allient à des organismes spécialisés pour réajuster les cursus à la réalité du terrain. L’idée : intégrer la formation à l’activité, valoriser les évolutions individuelles, reconnaître l’expérience acquise.
Le dialogue social retrouve des couleurs. Certaines enseignes innovent : semaine de quatre jours à l’essai, tutorat, primes à l’engagement prolongé. La question de la régularisation des travailleurs étrangers s’invite aussi dans les débats, portée par l’évolution de la législation : objectif, répondre aux besoins locaux et favoriser l’intégration durable.
Dans un secteur en pleine mutation, l’enjeu est clair : réussir à écrire une nouvelle page attractive pour celles et ceux qui feront l’hôtellerie-restauration de demain. Reste à savoir qui osera relever le défi, tablier sur l’épaule et énergie intacte.